Martine Damas

Le travail que Martine Damas a entrepris avec les terres colorées semble reposer sur l'ambiguïté que constitue la démarche d'un sculpteur qui ne produirait que des oeuvres apparamment picturales. En effet, leur réalisation, dont l'étape primordiale, celle où les intensions sont décisives, est le modelage de formes en volumes, aboutit en définitive à un espace manifestement plan, mais toujours nourri de son épaisseur.
De cette façon, les pièces sont données à voir à travers une double réduction : l'une, matérielle, l'affirmation, sinon de l'unicité du point de vue, mais de l'existence d'une direction privilégiée; l'autre, personnelle, la composition volontairement anecdotique de figures vitales : quotidiennes d'abord avec les séries d'objets usuels, et singulièrement de récipeints de terre, passionnelles ensuite comme ces footballeurs aux dribbles silencieux, essenteilles enfin : l'omniprésence d'une Afrique abstraite autant qu'indéfinie, ou l'exotisme s'efface devant la couleur ou le mouvement.
(Pierre Patrolin. Catalogue exposition Centre culturel Troyes, 1984)